Fonctionnaire bashing et services publics : Les boucs émissaires idéaux ?
Alors, bien sûr, quand les caisses de l’État toussent, qui accuse-t-on ? Les dépenses publiques, pardi ! Et qui sont les symboles de ces dépenses, si ce n’est les fonctionnaires et les services publics ? On nous serine à longueur de journée que nous coûtons trop cher, que nous sommes responsables de l’endettement abyssal de la France.
Qu’entendons-nous ? Qu’il faut allonger l’âge de la retraite et diminuer les indemnités journalières en cas d’arrêt maladie (jusqu’à 17 % de baisse pour certains salariés à partir d’avril 2025). En clair, on nous demande, à nous citoyens et fonctionnaires, de payer les pots cassés de ces cadeaux dispendieux aux entreprises…. On nous explique que c’est nécessaire pour réduire la dette, alors que les économies ainsi réalisées (60 milliards d’euros prévus en 2025) … ne représentent qu’une fraction (environ 29 %) du montant faramineux des aides aux entreprises (204 milliards d’euros) …. Cherchez l’erreur, bis repetita !
Comparons encore un peu :
Mesure | Montant annuel |
Aides publiques aux entreprises | 200 milliards € estimé 2025 |
Économies sur la réforme des retraites | ~17 milliards € estimé 2030 |
Réduction IJ arrêt maladie | ~0,9 milliard € estimé 2025 |
Sources : Retraite : le vrai rendement – Budget 2025 : le Sénat réduit l’indemnisation des agents en arrêt-maladie
La France ! Championne du monde de la dette et de la générosité … Pendant que nous fonctionnaires devrons nous serrer la ceinture à tel point que nous pourrions utiliser nos nombrils comme bouton de pantalon, notre Lucky Luke national, d’un claquement de doigts plus rapide que son ombre, dégaine 2 milliards d’euros pour l’Ukraine. Et attention, ce n’est pas de la menue monnaie : chars, munitions, missiles et drones, rien que ça !
Pendant ce temps, l’Action Sociale Interministérielle (ASI), ce petit coup de pouce pour nos agents les plus modestes, voit son budget raboté de près de 30 millions d’euros. On leur supprime la prime de pouvoir d’achat en 2025, la GIPA (garantie individuelle du pouvoir d’achat) est aux oubliettes, et même l’aide pour le maintien à domicile (AMD) prend une claque de 1,5 million d’euros. N’oublions pas la baisse de 10 % du taux d’indemnisation des congés de maladie ordinaire et le recul de l’âge de la retraite à 64 ans.
On imagine les réunions au ministère : “Bon, les amis, pour l’Ukraine, on sort le chéquier sans sourciller. Pour l’ASI ? Ah bah faut faire des économies, hein ! Peut-être que les agents pourront se cotiser pour se payer des tickets resto … ukrainiens, tiens !” Quelle élégance dans la gestion des priorités !
Le contraste est saisissant. On rogne sur nos droits sociaux, on repousse l’âge de départ à la retraite, on diminue nos revenus en cas de maladie, alors que des milliards continuent de s’envoler vers des entreprises qui n’en ont souvent pas besoin, voire qui contribuent peu au budget de l’État via l’impôt sur les sociétés.
Sources : “On est à un point de rupture”, alertent quatre syndicats de la fonction publique avant la mobilisation du 3 avril – Action sociale interministérielle : les syndicats alertent sur une nouvelle envolée de la sous-consommation des crédits – Action sociale interministérielle : les syndicats alertent sur une nouvelle envolée de la sous-consommation des crédits