Gestion à la hache et sacrifice des contractuels sur l’autel du budget

Si vous pensiez qu’à l’approche des fêtes l’Éducation Nationale en avait fini avec ses prouesses acrobatiques pour 2024, détrompez vous ! Après avoir jonglé avec des réformes improbables et des plans de com’ aussi crédibles qu’une promesse électorale, voilà qu’elle nous sort son dernier numéro : le massacre budgétaire à la tronçonneuse.

Selon AEF plusieurs alertes font état du non-renouvellement d’enseignants contractuels dans différentes académies (Lyon, Aix-Marseille ou La Réunion ).

Imaginez un peu. Des contractuels, ces exploités du quotidien qu’on appelle à la rescousse quand les effectifs titubent, sont remerciés à coups de lettres froides et standardisées, juste avant Noël.

Père Noël

Oui, vous avez bien lu. Les guirlandes s’allument, le sapin clignote, et eux, ils reçoivent pour cadeau un petit mot disant en gros : “Pas de budget, pas de boulot, et joyeuses fêtes !”. Ça a le mérite d’être clair, si ce n’est humain.

L’art de déshabiller les uns pour ne rhabiller personne

D’après les rectorats concernés, c’est la faute aux plafonds d’emploi. Trop d’enseignants, pas assez de sous. Pourtant, dans les classes, c’est l’inverse : trop d’élèves, pas assez de profs. Un vrai miracle mathématique à la sauce technocratique. Et puis, il y a cette merveille d’innovation qu’on appelle les Contrats sur Zone de Remplacement (CZR). Un sigle qui sonne moderne, mais qui, en vrai, suce le budget plus vite qu’un énarque en quête de promotion.

Ajoutez à ça le fameux “choc des savoirs”, une initiative qui devait révolutionner l’apprentissage, mais qui, apparemment, a surtout révolutionné les comptes dans le rouge. Et vous obtenez cette situation digne d’un mauvais polar : des contractuels sur le carreau et des élèves sans profs.

Des rectorats muets comme des carpes

Les syndicats dénoncent l’absence totale de communication. Normal, direz-vous, puisque les rectorats sont en mode “on attend que ça passe”. Pas un mot d’explication, pas une once d’humanité. Juste un grand silence gênant, comme à la fin d’un dîner où personne n’a encore osé parler de l’addition.

Et que dit le Ministère ? “Situation isolée”, qu’ils disent. Bah oui, trois académies touchées, des centaines de profs concernés, c’est une broutille ! Ils vous expliqueraient presque que c’est la faute à pas de chance, ou au père Noël qui a mal réparti son budget cadeau.

Un avenir plus flou qu’un tableau d’impressionniste

Résultat des courses : les contractuels voient leurs rêves de CDIisation fondre comme un glaçon dans un pastis. Les syndicats tirent la sonnette d’alarme, les parents découvrent avec effroi que “remplacement” rime surtout avec “absentéisme”. Et pendant ce temps-là, les décisions politiques continuent de s’abattre sur le système éducatif, comme une grêle sur un champ de blé.

Alors, chers collègues, la morale de l’histoire est simple : il va falloir se battre. Parce que si nous, les syndicats, on ne met pas les pieds dans le plat, ce sont eux qui continueront de nous marcher dessus. Et si on ne défend pas les contractuels, demain, d’autres trinqueront à leur tour.

Rebondissement, le coup du pompier pyromane !

Après avoir laissé les rectorats jouer à “Qui perd perd” avec les contrats des pauvres bougres, voilà que le Ministère se fend d’un coup de fil pour tenter de sauver les meubles. Vendredi 13 décembre, date fatidique où le grand manitou du MEN, probablement entre deux portefeuilles ministériels d’un énième remaniement, a décidé de passer un savon aux académies concernées. Résultat ? Une consigne claire : “Rééditez les contrats, ça fait désordre à l’approche des fêtes.”

Mais attention, pas d’emballement : ces renouvellements concernent des bouts de chandelles, quelques semaines par-ci, quelques mois par-là, histoire de faire bonne figure. Une rustine sur un pneu crevé, quoi. On dirait presque que le MEN s’est inspiré de ces séries à suspense : on te fout une bonne tension et, juste avant que ça tourne au vinaigre, on sort un rebondissement de derrière les fagots. Mais ne vous y trompez pas : ce n’est pas de la générosité, c’est de la gestion de crise en mode panique.

Alors, chers collègues, que ça serve de leçon : sans la grogne des syndicats, ces contractuels passaient Noël avec leur France Travail en guise de cadeau. On reste sur le pont, parce que le prochain épisode pourrait être encore plus gratiné.

Face aux imprévus et aux coups bas, mieux vaut être nombreux pour gueuler que seul pour trinquer : syndiquez-vous, chez Action & Démocratie ou ailleurs, mais syndiquez-vous. Votre avenir vous remerciera.

Contractuellement écœuré,

Le bureau Action & Démocratie de l’académie de la Corse

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